28 octobre 2013 dans S'organiser
Dans ma série "Débattons des idées à la mode", après le "ne trions rien, on retrouve tout sur internet" de la semaine dernière, je voudrais aujourd'hui parler de ce qu'on nomme déléguer. Qui a le vent en poupe. Déléguer, c'est confier une tâche dont on est responsable à quelqu'un d'autre. Faire faire.
C'est un élément fondamental de toute organisation, il n'y a pas de doute là dessus. J'ai d'ailleurs fait une liste sur comment bien déléguer. Je n'ai rien contre, bien au contraire ! Même s'il ne faut pas non plus confondre déléguer des tâches et les partager. Entendons-nous bien : la responsabilité de nombreuses tâches familiales doit être ainsi partagée entre les deux parents (et avec les enfants selon leur âge). On ne peut pas déléguer quelque chose à quelqu'un qui en a autant la responsabilité que nous ! Ne mélangeons donc pas tout.
Bref, ce qui m'interroge, ce sont les articles qui parlent de la délégation comme un abandon du perfectionnisme. "Tout faire tout parfait n'est pas possible, donc il faut savoir déléguer", ai-je entendu dans une émission radio. "Déléguer, c'est oublier cet idéal de perfection, et accepter la manière dont les autres font les choses" ai-je lu chez Psychologies. "déléguer c’est renoncer. Renoncer à la perfection..." ai-je vu répéter sur de nombreux blogs de pseudo-coachs en développement personnel.
Je ne comprends pas bien ces arguments. Déléguer, c'est accepter de ne pas faire soi-même les choses, c'est sa définition même, je suis d'accord. Je comprends que ce soit une chose pas forcément facile pour tout le monde, d'accord. Mais ce n'est pas un signe d'abandon de la perfection pour autant ! Au contraire, me semble-t'il ! Déléguer, c'est reconnaître que cette tâche DOIT être faite, que tout doit être fait, donc qu'il faut toujours atteindre cette fichue perfection du "il faut tout faire bien". Comme je n'ai pas le temps, ou le talent, ou l'envie, de tout bien faire moi-même, je délègue à d'autres. Pour que ce soit fait quand même. Vous trouvez que c'est renoncer, vous ?
L'abandon de la perfection, pour moi, c'est renoncer au fait qu'une tâche soit réalisée. Tout court. Ce n'est pas apprendre aux enfants à se baigner seuls, ou les confier à une nounou à domicile, pour qu'ils soient tout propres tous les jours : c'est accepter qu'ils ne prennent pas forcément un bain tous les jours, contrairement à ce qu'on imagine être LE modèle à suivre. A tout prix. Donc en déléguant si ça peut permettre d'en faire toujours plus.
Voilà, c'est là ce qui m'embête : déléguer, c'est continuer à vouloir en faire plus, toujours plus, malheureusement. Abandonner la perfection, c'est apprendre à en faire moins.
J'avoue, on peut jouer sur les mots, et débattre de tout cela dans tous les sens. C'est tout ce que je vous souhaite : réfléchir vraiment à ce que vous voulez faire. Délégation ou pas, perfection ou pas !
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