14 février 2013 dans S'organiser
Hier, j'ai écouté un podcast (en anglais) d'Anne Bogel qui m'a fait à nouveau cogiter sur ce fameux thème de la conciliation entre vie professionnelle, vie familiale et vie personnelle. Je l'ai écouté assez distraitement (en faisant autre chose, je l'avoue), et je n'y ai trouvé aucune recette magique. Cependant, quelques mots ont fait tilt. C'est surtout une question de mots, en effet.
Je suis abonnée au blog En aparté sur ce même thème depuis longtemps, et j'ai lu avec attention son dictionnaire de la conciliation. On y trouve, entre autres, un article sur le choix du terme "concilier", écrit par Marlène Schiappa, la créatrice de Maman travaille. Elle y écrit :
En cause ? Le terme de « conciliation » souvent jugé trop conflictuel : certaines et certains lui préfèrent les termes d’équilibre, d’articulation, de « balance » en référence à l’expression américaine « life balance ». Elles sont toutes très justes, mais j’avoue avoir une préférence pour la « conciliation ». Conciliation, car oui, il y a conflit entre les deux aspects de notre vie, l’aspect professionnel et l’aspect personnel [...] Conciliation, aussi, parce que la conciliation évoque la diplomatie, le compromis, les efforts.
Le mot Articulation a quant à lui été choisi par Karen Demaison pour son propre article (et son blog : "Vers une articulation des temps de vie"). Elle écrit dans ce même dictionnaire En aparté :
Le mot « articuler » est plus doux et signifie « joindre une partie à une autre par un système d’assemblage qui permet leur mouvement. » Articuler toutes les sphères de sa vie en fonction de ses propres contraintes individuelles et des contraintes collectives
Dans le podcast dont je parle, Anne évoque le terme couramment utilisé aux USA : le "work/life balance", qui correspond à une recherche d'équilibre.
Alors : équilibre ? conflit et compromis ? articulation et contraintes ? Tous ces termes reposent cependant sur une notion commune, couramment admise, celle de la segmentation. On compartimente nos vies, nos tâches, et même, par extension, nos personnalités. Les magazines reprennent sans cesse ce schéma de la femme multiple : celle qui fait des enfants, celle qui travaille, celle qui aime, celle qui s'amuse, celle qui gère la maison...
L'américaine interviewée nous propose cependant une vision assez différente : celle du "blending", celle du mélange des genres, du mixage, de la fusion. Nous ne sommes pas multiples, nous sommes une seule femme (et c'est pareil pour les hommes, bien sûr). Je me sens tellement mieux dans cette vision douce et mixte de la vie où on ne cherche pas forcément à tout faire entrer dans des cases... et vu le nombre de mompreneurs qui se lancent de tous côtés, je crois que je ne suis pas la seule.
Pourtant, les articles se multiplient sur les dangers de l'envahissement d'une sphère par une autre ! Les technologies nous aident à faire des passerelles, à utiliser internet pour faire ses courses du boulot, ou au contraire pour terminer un dossier pro à la maison. Mais il paraît que c'est à double-tranchant, qu'on se laisse envahir, ou détourner de nos vraies missions. Travailler à la maison ? Ouhla, c'est très dangereux aussi, il faut cloisonner, ne surtout pas mettre son bureau dans sa chambre. Ne pas mélanger ses dossiers pro et ses dossiers perso, halte à la confusion. Ne pas combiner ses rôles, au risque de tout embrouiller.
Alors oui, rien n'est tout blanc ou tout noir ! Chaque méthode, chaque situation, a ses avantages et ses inconvénients. Mais je dis stop à la segmentation et aux habitudes imposées. Si j'ai choisi, depuis bientôt deux ans, de travailler chez moi, ce n'est pas pour chercher à reproduire un espace pro dans ma maison. Ce n'est pas pour m'imposer toute seule des conventions, ce n'est pas pour me chercher un bureau à l'extérieur comme on me l'a déjà suggéré ! C'est pour profiter de ce blending qui me plaît tant. C'est vrai que parfois un côté peut prendre le pas sur un autre. Ce n'est pas grave, ce sera le contraire à un autre moment.
Et puis c'est plus positif que de parler sans arrêt de conflits et de contraintes. Le choix, c'est renoncer ? C'est aussi aller de l'avant dans la direction qui nous plaît. Le compromis, c'est ne pas être suffisamment satisfait ? C'est arrêter de croire au Père Noël, aussi, et de chercher à faire entre mille petits cases dans son agenda et dans sa tête. Arrêter de jouer au Tetris, parce que de toutes façons, à un moment, ça s'entasse de travers. Alors gommons ces formes trop géométriques et rigides, et mixons des gouttes d'eau multicolores au lieu d'empiler des cubes.
NB : L'image du Tetris était présente dans ce podcast, et elle est aussi présente dans cet article d'Anne Delacour que j'ai lu après avoir écrit mon article, coïncidence amusante. (dans son blog qui au moment où je publie mon billet, renvoie automatiquement vers Topito, je me demande bien pourquoi !).
NB bis : Si j'ai choisi le nom de ListoLabo, c'est justement pour évoquer la notion de laboratoire, avec ses mélanges chimiques, ses expérimentations, ces dosages multiples, ses mixtures ! Nos listes doivent être vivantes, comme nous, et propres à chacun, en piochant selon l'envie dans d'autres listes...
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